Homélie de Sa Béatitude Sviatoslav à Paris à l’occasion de l’ordination épiscopale et de l’intronisation de Monseigneur Ihor Rantsi

Homélie de Sa Béatitude Sviatoslav à Paris à l’occasion de l’ordination épiscopale et de l’intronisation de Monseigneur Ihor Rantsi

December 19, 2025, 10:30 2

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Ô Dieu des armées, reviens donc!

Du haut des cieux, regarde et vois;
visite cette vigne,
le cep que ta droite a planté,
le rejeton que tu as affermi pour toi-même

(Ps 80, 15–18).
Votre Excellence Monseigneur Celestino, nonce apostolique!
Votre Excellence Monseigneur Laurent Ulrich, Archevêque de Paris,
qui nous accueillez avec tant d’hospitalité dans votre cathédrale!
Leurs Excellences, évêques et archevêques!
Cher Monseigneur Ihor!
Chers évêques venus si nombreux de différents pays du monde
pour cette célébration solennelle à Paris!
Chers prêtres du clergé de cette éparchie de Saint-Volodymyr!
Chers religieux et religieuses!
Chers frères et sœurs dans le Christ!
Gloire à Jésus-Christ!

Aujourd’hui, nous vivons un moment historique unique et irrépétible, rempli de la présence de Dieu. Pour la première fois dans l’histoire, ici à Paris, a eu lieu l’ordination épiscopale d’un évêque ukrainien.

Jusqu’à présent, il se trouvait que tous les évêques envoyés ici par l’Église pour y exercer leur ministère avaient été ordonnés soit au Canada, soit à Rome, soit en Ukraine. Aujourd’hui, pour la première fois, le Seigneur Dieu a manifesté le don de la grâce épiscopale pour les fidèles de notre Église précisément ici, en France. Et afin de nous expliquer la signification de cet événement et la manière dont le Seigneur est présent parmi nous en ce moment, Il vient de nous parler Lui-même à travers la Parole du Saint Évangile (Lc 20, 9–18).

Nous avons entendu le Christ raconter à ses disciples la parabole de la vigne. Les exégètes de cette page de l’Évangile soulignent que le Sauveur reprend le chant de la vigne du prophète Isaïe (cf. Is 5, 1–7). Chez le prophète, le Seigneur Dieu se lamente sur son peuple, parce qu’il n’a pas répondu aux attentes que le Créateur avait placées dans l’histoire de la création de son peuple. En reprenant cette parabole, le Christ donne un sens nouveau à ce “chant de Dieu à son peuple “. Écoutons donc attentivement trois éléments essentiels que nous rencontrons dans cette parabole.

Premièrement, la vigne n’est rien d’autre que le peuple de Dieu, l’Église du Christ. Deuxièmement, le Seigneur prend soin de sa vigne: c’est Lui qui l’a plantée et Il en est l’unique propriétaire. Troisièmement, le Seigneur visite son peuple en venant à lui par l’intermédiaire de ses envoyés. Le principal d’entre eux est le Fils de Dieu, que le Père envoie à la vigne et qui devient pierre d’achoppement pour tous ceux qui appartenaient à cette vigne.

Aujourd’hui, cette parabole de la vigne de Dieu résonne tout particulièrement avec l’histoire de l’Église gréco-catholique ukrainienne en France. C’est le Seigneur Lui-même qui a planté la vigne sur ces terres nobles, célèbres depuis toujours pour la viticulture. Il y a appelé différentes générations d’Ukrainiens et leur a confié une mission particulière à accomplir dans l’histoire. Dieu n’a pas oublié son peuple ici non plus: Il le visite, Il envoie ses serviteurs et Il donne celui que nous sommes maintenant appelés à accueillir.

Aujourd’hui, le Seigneur Dieu visite son peuple en vous envoyant votre évêque. L’évêque n’est pas un bureaucrate de la religion nommé à une fonction. L’évêque est l’icône du Fils de Dieu que le Père envoie en l’oignant de l’Esprit Saint. C’est précisément ce que nous venons de voir lors de l’ordination épiscopale. C’est pourquoi je vous demande à tous: accueillez votre nouvel évêque.

Saint Augustin avertit que bien souvent nous cédons à la tentation de nous comporter comme les mauvais vignerons dont parle l’Évangile d’aujourd’hui. Nous cherchons parfois à nous approprier ce qui n’appartient qu’à Dieu (cf. Sermo 87, 3). Il arrive que la mission de l’évêque soit précisément de rappeler aux personnes que, dans leur vie personnelle, tout n’est pas leur propriété, mais appartient à Dieu. Notre vie, notre vocation chrétienne, est un don de Dieu reçu dans l’Esprit Saint, et nous sommes appelés à porter de bons fruits dans cet Esprit.

L’évêque vient pour chercher en vous ces bons fruits de la vie chrétienne que vous devez offrir à Dieu. C’est pourquoi nous disons que la vocation de l’évêque est d’enseigner le peuple de Dieu, de le gouverner et de le sanctifier.

Aujourd’hui, je veux m’adresser tout particulièrement au nouvel évêque, Monseigneur Ihor. Monseigneur, le Seigneur m’a fait témoin du commencement de l’action de sa grâce dans votre vie. C’est moi qui vous ai accueilli au Séminaire théologique de Lviv. Je me souviens de votre entrée au séminaire et de vos examens d’admission. Je vous ai vu grandir, mûrir dans la grâce de Dieu et avec les années, durant vos dix années de ministère en France. Mais nous ne comprenions pas, en vous regardant, que l’éparchie de Saint-Volodymyr vous attendait depuis sept ans. Sept ans — un nombre symbolique de maturation dans l’Esprit Saint. Aujourd’hui, nous nous réjouissons avec vous. Nous vous félicitons et prions tout particulièrement pour vous.

Lorsque nous avons entendu aujourd’hui la Lettre de l’apôtre Paul à Tite, décrivant ce que doit être un évêque, nous nous sommes reconnus dans ce portrait, Monseigneur Ihor (cf. Tt 1, 5–2, 1). Ce n’est donc pas par hasard que le pape Léon XIV a noté dans sa bulle que vous êtes orné de toutes les vertus humaines et divines nécessaires pour exercer dignement le ministère épiscopal. Vous m’avez demandé à trois reprises: “Quelle est votre parole pour moi, Béatitude? “. Ma parole est celle-ci: n’ayez pas peur, car le Seigneur est avec vous! C’est Lui qui vous a choisi et sanctifié. Il vous donnera toute la force nécessaire pour accomplir cet appel auquel vous avez répondu avec foi. Aujourd’hui, je peux vous promettre, au nom de tous les frères évêques ici présents: vous ne serez jamais seul. Votre Église sera toujours avec vous.

Je remercie sincèrement les évêques catholiques de France qui ont accueilli fraternellement notre évêque Ihor au sein de leur communauté épiscopale. Chers frères évêques, il a tant à partager avec vous et à construire ensemble!

Je souhaite m’adresser tout spécialement aux prêtres de notre éparchie parisienne. Dans son dessein mystérieux, le Seigneur a choisi le nouvel évêque précisément parmi vous. Celui qui fut autrefois l’un de vous, considéré comme un égal, un ami et un confrère, est devenu aujourd’hui votre évêque. Monseigneur racontait que beaucoup, dans son éparchie, attendaient ou recherchaient un évêque âgé et respectable, avec une longue barbe blanche. Chers pères, je vous demande d’accueillir aujourd’hui votre ancien confrère comme votre pasteur et votre père. Car c’est lui qui est ce fils évangélique que le Maître envoie aujourd’hui à votre vigne. Je vous en prie, ne le lapidez pas (cf. Lc 20, 15)! Collaborez avec lui et recevez-le comme votre guide, au nom du don de la plénitude du sacerdoce du Christ que l’Esprit Saint lui a conféré aujourd’hui.

Je m’adresse également aux fidèles de notre éparchie de Saint-Volodymyr, à notre peuple qui, par la force des circonstances, s’est retrouvé dans ces pays et confie aujourd’hui son service pastoral à Monseigneur Ihor. C’est le Seigneur Dieu qui prend soin de vous même loin de votre patrie et qui vous envoie un pasteur. Rassemblez-vous autour de votre Église, et ainsi vous ne vous perdrez jamais pour votre Église et pour votre peuple. Aujourd’hui, à Paris, nous avons besoin de la voix de l’Ukraine pour réveiller le cœur de l’Europe. Paris est appelée la capitale européenne des peuples, et il est si important que la voix de l’Ukraine y résonne avec force, surtout en ce temps de guerre terrible et injuste.

C’est pourquoi nous prions aujourd’hui: Seigneur, visite cette vigne que Tu as plantée en France. Que ta main repose sur ce fils de l’homme que Tu as envoyé ici aujourd’hui. Et que, en tout, seul ton très saint Nom soit béni, Père, Fils et Saint-Esprit. Amen.

Gloire à Jésus-Christ!

† SVIATOSLAV

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